Responsable formation

Achat de formation : ce qui change… ou pas !

​Des formations plus courtes, plus ciblées, plus attractives… Les desiderata des responsables formation ne manquent pas. Optimiser les investissements formation n’est pas le seul but recherché. Opter pour des formations qui impactent réellement les compétences et les parcours professionnels des salariés est une priorité. Des dispositifs pédagogiques toujours plus innovants sont explorés pour cela. L’année 2015 pourrait se résumer ainsi : plus de liberté pour plus d’efficacité. Interview de Maryline Gesbert, responsable du département Observatoire de Centre Inffo, en charge de la programmation de l’Université d’hiver de la formation professionnelle 2016 à l’occasion de la sortie de l’enquête « Achat de formation en entreprise : tendances 2015 ».

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Comment la réforme impacte-t-elle les usages d’achat de formation ?

 
2015 est la première année d’application de la réforme, instaurée par la loi du 5 mars 2014, qui a notamment sonné la fin de l’imputabilité. Les tendances en matière d’achat ne font que confirmer celles déjà observées les années précédentes. Les entreprises veulent avant tout acheter utile. Elles sont de plus en plus précises sur le « pourquoi » elles souhaitent former et veulent s’assurer des résultats effectifs des dispositifs choisis. 
 

Les entreprises se saisissent-elles des nouvelles marges de liberté ?

 
On remarque en effet que le regard du responsable formation change. À côté du 1 % fléché géré par les OPCA, les choix de l’entreprise en matière d’investissement formation se font avec une plus grande liberté. La notion de compte à rendre auprès des services de l’État, qu’impliquait l’obligation fiscale, s’évanouit. Les nouvelles obligations sociales se mettent cependant progressivement en place notamment en vue des états des lieux récapitulatifs à réaliser tous les 6 ans. 
 

Le plan de formation est-il toujours un élément structurant ?

 
Les obligations légales liées au plan de formation sont fortement allégées. Ce document phare reste cependant essentiel pour les responsables formation, même si le périmètre de ce qui rentre dans le plan est élargi. Il permet une traçabilité des actions de formation et des moyens alloués au développement des compétences. Ce qui est loin d’être négligeable pour créer un dialogue social de qualité avec les institutions représentatives du personnel (IRP). Il sera aussi utile pour justifier des actions de formation réalisées lors de l’état des lieux évoqué ci-dessus à opérer tous les 6 ans.
 

Quels sont les formats les plus plébiscités ?

 
Le choix de formations courtes est une tendance de fond qui ne se dément pas. Le pôle formation cherche à former plus et mieux à budget constant. Le certifiant, le distanciel et les temps de formation informels prennent de plus en plus de place. La plus grande marge de manœuvre en matière d’investissement formation conforte l’engouement pour de nouveaux modes pédagogiques. 
 

La recherche d’économies impacte-t-elle les choix pédagogiques ?

 
Le souhait d’une adaptation fine au contexte de l’entreprise passe avant le souci d’optimisation financière. Les projets sur mesure conçus avec les organismes de formation ou le développement des universités d’entreprise ou écoles internes sont privilégiés. La négociation du coût n’est pas prioritaire par rapport à l’adaptation aux enjeux spécifiques de l’entreprise. Par ailleurs, plus la structure est de grande taille, plus la responsabilisation en matière de développement des compétences et de maintien de l’employabilité est élevée. 
 

Comment est appréhendé le CPP par les entreprises ?

 
Les entreprises sont tentées de convoiter ce nouveau crédit d’heures, mis à disposition de tous les salariés et personnes en transition professionnelle. Les dispositifs d’abondement du compte personnel de formation (CPF) par les entreprises sont cependant encore rares. Elles ont dans l’ensemble très peu communiqué en interne sur ce nouvel accès à la formation. Dans cette phase d’initialisation du dispositif, elles ne souhaitent pas trop s’impliquer dans le processus. Cela explique que ce sont les demandeurs d’emploi qui activent majoritairement le CPF. Ils mobilisent leur reliquat d’heures du droit individuel à la formation (DIF) et bénéficient d’abondements importants en leur faveur.
 

Quelle place pour les formations hors temps de travail ?

 
Malgré l’impulsion initiée par le CPF, qui vise notamment à ce que chacun prenne en main son parcours de développement de compétences, les formations hors temps de travail pour des salariés sont extrêmement rares. Le ratio est très faible par rapport aux autres pays d’Europe. L’idée que la formation se déroule sur le temps de travail est fortement ancrée. 
 
En conclusion, les entreprises sont en quête, bien avant d’économies sur les prix, d’une offre de formation toujours plus pertinente et ciblée. Cette tendance de fond est renforcée en 2015 par la latitude offerte par la réforme. Développer les compétences est perçu, mais principalement dans les grandes entreprises, comme un impératif économique et social plutôt qu’une simple obligation légale, Acheter de la formation est une option parmi tout un éventail de possibilités pour atteindre cet objectif.
 
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