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Les impacts pour les banques françaises

« Il n'est pas de bon vent pour qui ne connaît pas son port » disait Sénèque. Encore faut-il un minimum de visibilité sur le comportement des agents économiques, l’évolution et la stabilité du cadre réglementaire défini par les autorités de tutelle nationales et supra - nationales. Notre expert en formation banque, Jacques BARILLET, nous donne son point de vue.

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Naviguer à vue !

En cette fin d’année 2012, les banques françaises et européennes ont besoin de fins barreurs pour éviter les étocs de toutes natures :
• Impacts de la détérioration généralisée de la conjoncture économique sur les performances bancaires (PNB- coût du risque- RN) ;
• Effets des politiques de maîtrise de la dette publique ;
• Interrogations persistantes sur le devenir de la zone euro ;
• Rôle majeur de la BCE à l’égard de la liquidité du système bancaire ;
• Importance des dettes souveraines dans les actifs des bilans ;
• Volatilité des marchés financiers ;
• Montée de la pression fiscale sur les acteurs économiques : stagnation de la consommation ; montée de l’épargne liquide non investie ; contraction des investissements ; perte de compétitivité ; accroissement du chômage structurel etc.

Cette énumération, non limitative, a d’ores et déjà des effets sur l’activité, les stratégies financières et commerciales des banques françaises. Ceci, sans préjudice de la montée des exigences réglementaires dont certaines dispositions : calibrage- calendrier- périmètre, sont encore loin d’être figées.
En termes d’activité, le mot d’ordre généralisé est au recentrage sur le cœur de métier et les marchés considérés comme domestiques, c’est-à-dire la banque commerciale de proximité dédiée à « l’économie réelle ».

Ceci se traduit par une revue complète des métiers, des activités, des clients, des marchés, des risques, des organisations… avec pour objectifs finaux :
• Une réduction des expositions ;
• Une sélectivité accrue au niveau des profils clients (risque-rentabilité-potentiel) ;
• Une contraction des la taille des bilans (actifs moyens pondérés) ;
• Une réduction et une optimisation des allocations de fonds propres ;
• Une meilleure maîtrise et une diversification des sources de liquidité.
La priorité absolue est donc le respect des dispositions réglementaires- BALE III- dont la mise en œuvre doit se réaliser sur la période 2013/2019.

Notre expert en formation banque, nous rappelle les principales dispositions issues du Conseil de Stabilité Financière – FSB- dont les objectifs tendent à prévenir les risques systémiques (solvabilité et liquidité) éventuellement causés par les 29 plus grandes banques mondiales (too big to fail) :
• Ratio de solvabilité (commun equity tier one) minimum 7% pour l’ensemble des banques mais 9% minimum pour les établissements systémiques ;
• Ratios de liquidité à 2 échéances : 1 mois – LCR (liquidity coverage ratio)  et 12 mois – NSFR (net stable funding ratio).

Il faut souligner que le calendrier prévu est loin d’être définitif dans la mesure où la FED a décidé –sous la pression des banques américaines – de sursoir à la mise en œuvre des dispositions BALE III.
Les conséquences en termes de stratégies commerciales sont nombreuses et variées :
• Retrait partiel ou total de certains marchés jugés trop couteux en risques et dont les potentialités sont incertaines ou trop lointaines ;
• Accélération de cessions d’activités non stratégiques ;
• En BFI, diminution, voire abandon de certaines activités pour compte propre trop volatiles, exposées et couteuses en capital ;
• Incitation pour les grands corporate au recours direct aux marchés de capitaux- accompagnement des clients (conseils) ;
• Regain d’intérêt pour la titrisation (concept : origination – distribution) ;
• Pour les SFS –services financiers spécialisés- coûteux en fonds propres, recours à des financements externes en veillant à conserver un positionnement concurrentiel compétitif et à développer des synergies avec les autres métiers ;
• Ré-intermédiation de ressources clientèle : OPCVM, Assurance vie… ;
• Livrets d’épargne «  boostés » – amélioration des modalités de distribution, communication commerciale offensive sur les services para bancaires.
Par ailleurs, il y a une pression sur les coûts de fonctionnement : recrutements, salaires, bonus, réductions significatives d’effectifs en BFI et SFS, mise en commun d’investissements etc.

L’évolution des modèles bancaires

Les débats en France et en Europe, alimentés depuis 2 011 au Royaume-Uni par le rapport Vickers, prévoient sous une forme ou une autre, une séparation des activités de banque de détail de celles de la banque d’investissement et de marchés considérées comme plus risquées tant pour la banque que pour les déposants. Cette idée n’est pas nouvelle. En effet, après la crise de 1929, les Etats-Unis avaient adopté le « Glass – Steagall –Act » (une loi qui a résisté jusqu’en 1999) qui séparait purement les activités de banque commerciale de détail des activités de banque d’investissement.

La règle Volcker, dans le cadre de la loi Dodd-Franck votée en 2 010 aux USA,  est sensiblement différente car elle prévoit d’interdire aux banques de spéculer sur leurs fonds propres, à la condition de bien définir les activités spéculatives !
En Europe, la Commission Liikanen est chargée de faire des propositions de cantonnement ou de scission des activités de banque de détail des activités de banque d’investissement.
La diversité des modèles propres à chaque pays rend une solution unique difficile à réaliser, ceci impliquera beaucoup de débats et laissera certainement de l’espace aux régulateurs nationaux pour prendre en compte les spécificités nationales tout en gardant l’esprit des propositions de la commission Liikanem.

Le modèle « banque universelle » à la française a fait preuve de sa résistance par « gros temps » ; il est probablement hâtif de le remettre totalement en cause. En revanche, une filialisation des activités les plus spéculatives pourrait servir de dénominateur commun aux banques européennes quelle que soit leur structure capitalistique. Cela dit, la protection des usagers réside d’abord, et avant tout, dans la pertinence des choix stratégique et l’éthique des dirigeants, précise notre expert en formation banque.