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Co-learning : comment apprendre les uns des autres ?

​Apprendre ensemble, les uns des autres, la formule est séduisante. Mais comment insuffler l’esprit de co-learning en formation ? Comment le traduire en termes d’ingénierie pédagogique et d’aménagement des lieux de formation ? Petronela Zainuddin, CEO de Good Morning Creativity présente les fondamentaux à respecter et des pistes concrètes à explorer. Good Morning Creativity est une entreprise spécialisée dans la création d’espaces de travail qui favorisent la créativité et l’innovation collaborative.

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« Ce n’est pas un hasard si c’est le terme anglais de co-learning qui désigne le fait d’apprendre en mode collaboratif. Le terme “former” pour sa part se réfère à “teaching”, verbe qui transporte l’image d’une circulation descendante des savoirs, inspirée par le modèle classique d’enseignement scolaire. Avec le mot “learning”, c’est la notion d’apprendre qui prend le pas. Renvoyant à l’idée de se développer de manière active et volontaire. La différence ? Celui qui entre dans un processus de “learning” se met lui-même en position d’apprendre et arrive en formation avec une envie de prendre part à un véritable temps fort. Et pour être acteur du parcours, la communication d’un participant à l’autre est indispensable ». 
 

Quitter la posture de formateur expert pour celle de facilitateur

 
« Tout formateur doit être légitime pour intervenir en formation. Mais l’expertise n’est pas la seule source de légitimité, et elle le sera de moins en moins. Les participants peuvent eux-mêmes s’avérer experts sur un pan de la formation pour laquelle ils disposent d’une expérience majeure. Proposer des exercices d’application pour s’entraîner ne suffit plus : on attend désormais des formateurs qu’ils soient avant tout des facilitateurs. Leurs missions : écouter les problématiques individuelles et collectives, moduler les chemins d’apprentissage, faire émerger les contenus des participants eux-mêmes, favoriser les transferts de compétences de participant à participant, susciter l’envie de créer ensemble… C’est une véritable dextérité pédagogique qui est nécessaire pour cela. Le défi : savoir adapter et remodeler en un temps record le déroulé du parcours sans pour autant perdre le fil directeur ».
 

Placer le « faire » au cœur du workshop : dessiner, fabriquer, concevoir…

 
« Avec les outils d’elearning le formateur peut communiquer aux participants toute une série de documents à consulter avant la formation présentielle. Cette étape permet de consacrer ensuite la totalité des échanges à la mise en pratique, l’expérimentation ou encore la création. Tout ce qui relève de la pédagogie active permet d’ancrer les apprentissages : études de cas, travail en groupe, mises en situation, jeux… En invitant les participants à trouver des solutions et à les présenter aux autres, les temps passifs s’amenuisent. Et le travail sur ordinateur ne doit être qu’une possibilité parmi d’autres de produire de livrables à partager. Brainstormer devant un mur effaçable, partager les informations sous une forme visuelle, composer des maquettes à partir de Légo ®, utiliser la caméra de son téléphone portable… Plus les activités sont variées et nécessitent de se lever pour bouger dans la salle, plus le contexte est propice au co-learning. Il n’existe cependant pas de cadre figé pour favoriser l’apprentissage collaboratif. Il prend des formes chaque fois différentes ».
 

Évoluer dans une salle qui soit un lieu inspirant et stimulant

 
« Pour concevoir une salle dédiée aux pratiques collaboratives, ce sont les usages visés qui priment : alternance de temps avec tous les participants et d’ateliers en petits groupes, partage d’informations tant éphémères que durables, multiplication des modes de prise de parole… Les choix en termes d’aménagement (mobilier, matières, couleurs, accessoires…) en découlent. Et pas l’inverse. Pour une salle qui place le co-learning au cœur de la formation, les fonctionnalités à activer sont multiples : mobilier à roulettes, tables avec une hauteur réglable, tableau interactif, post-it®  électroniques, mur d’expression, espace cosy propice aux échanges… Tout ce qui réveille les esprits et libère l’énergie est recherché. Et à l’image des méthodes agiles, le feedback est un élément majeur du parcours à accomplir. Pour que la formation repose sur l’empathie et prenne forme de manière multidirectionnelle, la salle de co-learning fait voler en éclat le schéma “formateur” versus “groupe d’individus sans communication entre eux” ».
 

Penser la formation en mode projet

 
« Au final, le co-learning invite à penser et organiser une formation en mode projet. Les objectifs à atteindre sont clairement définis, après des échanges entre toutes les parties prenantes. Une fois fixés, les rôles des uns et des autres sont modulables et multifacettes. Un lieu innovant et propice à la créativité est l’un des jalons à poser pour planter le décor d’une formation qui porte ses fruits dans la durée ».